Mon tendre,
Encore une journée de mauvais temps. Je m’inquiète pour le jardin, il faudrait que ça commence à murir, et les laitues vont avoir trop d’eau. Je suis heureuse d’avoir pu venir te voir entre les averses. Certaines plaques ont été renversées par le vent sur les monuments voisins du tien, et aussi celle de tes anciens collègues. Je les ai remises d’aplomb. Je suis passé voir aussi ce pauvre monsieur Charles. La dalle finale n’a pas encore été installée, et les fleurs ne sont pas très jolies. Je ne sais pas si elles viennent de chez Romy, ça m’étonnerait tout de même car ils fait des compositions plus jolies, d’ordinaire. Oui bien les gens ont été chiches. Tout de même, regarder à la dépense pour ça. Je lui emmènerai un bouquet coloré la prochaine fois, il le mérite bien. D’ailleurs, M. Romy a reçu de bien jolis petits rosiers, oh, je ne suis pas envieuses, mes Lady Diana son très jolis cette année.
Je repense beaucoup à ce voyage dans le Jura.
Comme je veux savoir, monsieur Bardou m’a emmené à la gare de Château-Renault avec sa voiture samedi, oh, je ne l’ai pas dérangé, il avait à faire là bas aussi m’a-t-il dit, même si je me demande s’il ne ment pas un peu pour ne pas m’embarrasser. Il m’a raconté qu’il devait aller dans un magasin de jeux pas loin de la gare, pour un cadeau pour son petit fils, mais il ne doit pas le voir avant la fin de l’été, alors il avait bien le temps. En tout cas ça m’a bien arrangée, car je ne peux plus aller à Château Renault en vélo, pauvre petite vieille que je suis. Sur place, le cheminot au guichet m’a bien renseignée, même s’il n’était pas très aimable, mais surement voit il tellement de gens pénibles, je sais ce que c’est que de recevoir les gens pas toujours très polis. A la boutique, j’en ai vu des malotrus, et pourtant ils me connaissaient et j’étais aimable avec tout le monde, sauf la veuve d’Esprey qui était beaucoup trop prétentieuse. Enfin. Et bien, c’est compliqué, il n’y a pas de train depuis Château-Renault, il me faudrait aller à Tours prendre un premier train pour Lyon, et là, un second pour rejoindre Lons le Saunier, car là bas Emilie peut venir me chercher en voiture. Tu imagines cette aventure ? Je crois que je ne suis pas monté dans un train depuis que nous avions emmené Jean-Claude à l’océan. Te souviens tu de ces quelques vacances à l’ile d’Oléron. Oh, quel beau souvenir. Je suis retourné chercher l’album de photo que tu avais prises avec le kodak. Les couleurs ont un peu passés, mais c’est de belles images. Je pourrais demander à Jean-Claude de venir me chercher pour me conduire à Tours, car je n’ose pas demander à Monsieur Bardou ou à Madame Pernin. Sans compter que c’est coûteux. Je ne me plains pas, mais je n’ai pas beaucoup de sous de coté, et avec le prix du fioul il faut faire attention. J’ai prié Saint Christophe encore, mais je n’ai pas de signe, et je n’ai pas voulu aller déranger monsieur le curé après l’office de dimanche, il était occupé par deux jeunes qui voulaient peut être se marier. J’irai aux vêpres ce soir, et si je peux, j’irai le voir. Je sais que tu trouve que je donne trop d’importance à son avis.