J’aime bien, Thomas Snegaroff. Déjà, parce qu’il a un nom formidable. Ça sonne bien, ça sonne comme une aventure, une histoire, un périple qui vient de l’Est, avec des secrets et des zones d’ombre, des mystères d’alcôve, de famille et d’honneur, tout ça pour être historien et spécialiste des Etats-Unis, comme un transfuge des plus belles heures. Avec un nom pareil, normalement, on est dans un James Bond.
« Si nous étions sûrs de nous en sortir, nous prendrions cela avec philosophie et même humour. Mais nous ne sommes sûrs de rien, n’est-ce pas ? » (Twitter, @thomasSnegaroff)
On pourrait lui opposer Beaumarchais : « Je m’empresse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer ».
Quand on ne sait rien, que l’on est ballotté par les événements, chacun sa protection. Je préfère rire, rire du pire, ironiser, tourner en dérision, moquer, feindre la bêtise, jouer de maladresse, de lourdeur, voire, rarement cependant, de méchanceté. Il sera toujours temps de pleurer, après. Je serai le premier à pleurer. Sur les proches qui vont mal ou sur moi-même. Personne ne fait encore le malin dans un service de réanimation, personne ne tourne en dérision un catafalque.
Aussi, je comprends ceux qui réagissent autrement. Ceux qui ont peur, ceux qui sont graves, ceux qui recherchent dans la rationalité un réconfort et ceux qui cherchent dans le réconfort, une rationalité. A certains égards, un cierge dans une église vaut bien les statistiques d’un rapport scientifique. Comme un photophore sur un balcon ou des applaudissements à 20h depuis les mêmes balcons, ça ne sert pas à grand-chose dans l’immédiat, mais ça ne nuit pas, c’est émouvant, c’est trouver un sens commun. Comme beaucoup, j’adopte du mieux possible les consignes de confinement, comme beaucoup, je l’ai fait graduellement, comme le citoyen lambda, je suis celui qui est quand même allé au cinéma samedi soir, puisque c’était autorisé, qui s’est quand même promené au soleil dimanche, puisque il faisait beau. Ni mieux ni franchement pire, random guy qui préfère parfois avoir la tête dans le sable plutôt qu’entre les murs du salon. Si ça tourne mal, je pleurerai en ayant vaguement mauvaise conscience. Je n’accuserai probablement personne sauf la fatalité, ce coupable imaginaire et bien commode.
Chacun, avec son vécu, son éducation, ses peurs enfouies, aussi avec ses galères du moment, avec ses pâtes trop cuites et son stock de PQ en baisse, avec sa voisine qui baise trop bruyamment et les gosses du dessus qui galopent toute la journée, chacun se débrouille comme il peut avec son âme, sa conscience et sa difficulté à occuper la journée (ou sa vie). Ça n’est pas un échec. Le véritable échec, c’est de perdre son indulgence envers les échecs des autres.
Malheureusement, avec des raisonnements pareils, on rembourse l’homéopathie.
Après, perso, j’aime le sucre.
Toujours agréable à lire, même après des années. c’est toujours bien écrit, et cela fait passer le temps du confinement (bien que de part mon métier il m’arrive de sortir, semi retraité que je suis.)
J’ai toujours en tête un raid de 4L que je me souviens d’avoir sponsorisé bien modestement il y a des années.