Par la fenêtre

Tard, hier.

Après une journée enfermé, c’était plaisant de laisser le froid de l’extérieur pénétrer la chambre. Fenêtre ouverte, la clarté de la rue poursuivait les courants d’air et venait révéler la chambre. Du lit, je regardais les murs de l’immeuble voisin. L’orange des briques teintait la nuit. Les restaurants voisins, inhabituellement clos, rendaient à la nuit son silence. C’était calme, comme une nuit de vacances. Facile de laisser l’esprit s’échapper par cette fenêtre, imaginer que cette fraîcheur est celle d’un crépuscule de soir d’été, le savourer. Laisser les immeubles devenir des arbres. La lumière des réverbères, la lueur de la lune. Le tintamarre métallique d’un scooter qui passe, le crissement des grillons qui chantent. Les arabesques métalliques du garde-corps, celles végétales d’une glycine. Quasiment, en sentir le parfum. Projeter l’imagination vers ce printemps, cet été, ces vacances à venir, rejeter cette idée incertaine, juste ressentir le piquant du froid sur le visage et le moelleux de la chaleur de la couette. Égoïstement, se repaître de son propre plaisir, se laisser engourdir à chaque inspiration de cet air frais, aimer cet instant et vouloir le conserver quelque part. Tendre la main vers le vieil appareil photo, sorti durant l’après midi d’un carton où il était oublié, jouer un instant avec les réglages, respirer, s’immobiliser le temps de l’exposition. Rater. Faire du flou. Faire du sur-exposé. Faire du sous-exposé. Recommencer, savourer aussi le claquement mécanique du déclenchement. Si vieux, si hors du temps. Complexe, mais aussi tellement simple.

3 Replies to “Par la fenêtre”

  1. On peut avoir une explication pour le nouveau nom ou on doit crever bête et desséché dans nos appartements trop exigus..?

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